Ca y est, l’outil pédagogique « Ma Ville, Mon Quartier » est disponible à la location ! Mais comment l’idée est-elle née? Quel chemin a été parcouru? Retour sur un projet qui s’est construit en plusieurs temps, avec la participation de citoyens comme vous… et nous !
Pour en savoir plus sur ce projet entamé en 2012, nous sommes retournés « à la source », c’est-à-dire chez Sandrine Pierlot, la chargée de projet de la CNAPD afin de lui poser quelques petites questions. Voici ses réponses:
Comment est initialement né le projet Ma ville, Mon Quartier ?
Ce projet s’est construit en réaction à l’actualité politique et sociétale actuelle en Belgique. En effet, force est de constater que l’intégration est toujours, et encore, un sujet d’actualité, qui est, trop souvent, utilisé dans des visées politiques pour ne pas dire électoralistes. Les médias traitent également ce sujet de manière récurrente mais parfois aussi quelque peu orientée, et présentant cette problématique de manière tronquée…
Certes, la question de l’intégration des populations immigrées ou d’origine immigrée doit se poser mais, cependant, les jalons de cette question doivent reposer sur une analyse des véritables causes de ces problèmes d’intégration, causes multiples qui ne s’arrêtent pas à la seule dimension culturelle. Effectivement, d’autres facteurs, d’autres dimensions entrent ici en jeu (sociales, socio-économiques…).
La dimension culturelle, quant à elle, doit également être étudiée de manière à ne pas reproduire un discours assimilationniste et ethnocentré basé uniquement sur les idées véhiculées par la « culture dominante » mais plutôt permettant aux « immigrés » et autres publics apparentés d’effectuer un travail critique sur leurs propres culture et identité tout en s’ouvrant à la découverte d’autres cultures (entendu dans un sens large). Le but étant ainsi de favoriser le dialogue interculturel entre communautés (quelle qu’elle soit).
Ce projet est donc né d’une volonté de reposer le débat de l’intégration de manière plus globale et plus transversale allant au-delà des clivages habituels qui, loin de favoriser l’intégration et l’ouverture aux autres, confortent des attitudes de replis communautaires via stigmatisations, rejet et incompréhension.
Pourquoi un concours de photos ?
Car les bases de données disponibles sur internet n’avaient pas énormément de photographies reprenant des scènes de vie dans Bruxelles, l’ambiance des quartiers,etc. et manquaient parfois de spontanéité, de réalisme. De plus, le concours était une activité en plus, une occasion d’intégrer les citoyens à la conception de l’outil en demandant l’avis des jeunes (et des moins jeunes) sur le sujet.
Est-ce que vous avez eu de nombreux participants ? Les jeunes étaient-ils motivés par le projet ?
Pas que les jeunes ! Certaines personnes ont participé de manière autonome d’autres avec des maisons de jeunes ou des écoles de devoirs, un groupe d’alphabétisation a également participé, c’était donc diversifié.
J’imagine qu’ils étaient motivés par le projet – les jeunes d’action Josaphat ont participé au projet mais en envoyant des photos qu’ils avaient déjà faites au préalable dans le cadre de leur atelier photo.
« Culture de Paix », « Regards de paix », « Ma ville, mon quartier », trois noms mais un seul projet, pourquoi ?
Culture de paix c’est en fait le nom d’un premier projet photo réalisé avec des jeunes de la CNAPD (il s’agissait de portraits de personnes rencontrées dans la Région de Bruxelles-Capitale). C’est un projet photo antérieur, mais les photos réalisées ont été intégrées par après dans le photolangage. Regards de Paix, c’est le nom du projet d’outil pédagogique, à la base et puis, finalement, Ma Ville, Mon Quartier c’était le nom du concours photo et c’est devenu le nom de l’outil pédagogique (car jugé plus sympa que Regards De Paix!).
Aviez-vous, dès le départ, l’intention de faire un outil pédagogique ?
Oui, tout à fait, c’était réfléchi et le concours avait vraiment cette visée-là: nourrir le photolangage qui allait servir d’outil pédagogique.
Vous avez organisé une conférence pour présenter l’outil pédagogique aux professionnels et experts en la matière, quelles sont les grandes lignes qui en furent dégagées ?Plusieurs intervenants y ont participé: Corinne Torrekens (Chargée de recherches au FNRS – chargée du projet DierCity de l’ULB) sur la politique publique de la promotion de la diversité ou l’égalité; Alexandre Ansay (Coordinateur du Centre Régional d’Appui à la Cohésion sociale du CBAI) sur la question d’un plan de cohésion sociale à Bruxelles; Pierre Marissal (Géographe, chargé de recherches à l’ULB) et Mohamed Benzaouia (Chargé de Mission à l’IEB) sur la mixité sociale à Bruxelles; Thomas Dawance (Community Land Trust Bruxellois), Céline Nieuwenhuys (Projet « Casanova »), Isabelle Irigoin (La Maison Reno) et Philippe Claudel (Woningen 123 Logements) sur Vivre ensemble et logement à Bruxelles.
Ces derniers ont apporté un éclairage très intéressant à Ma Ville, Mon Quartier. Au point que l’assistance a souligné son intérêt pour la problématique et a demandé à ce qu’un autre atelier soit réalisé afin d’avoir plus de temps pour pouvoir intervenir et effectuer un travail de fond sur les thématiques traitées lors de cette apres-midi. L’idée était de pouvoir travailler sur des pistes concrètes de solutions aux problématiques soulevées. D’où notre journée de travail organisée le 15 mai !
Est-ce que l’outil pédagogique a subi des modifications après la conférence ?
Non mais s’en est suivi un échange avec, Pierre Marissal, chercheur à l’ULB, qui a accepté d’écrire un article pour notre newsletter.
Pour quelles raisons avez-vous pensé qu’une nouvelle journée de travail serait utile ?
Afin de porter des revendications auprès des politiques par exemple – pour avoir un moment de synergie avec des associations qui travaillent sur ces questions – pour ne pas rester sur un constat, une dénonciation et aller plus loin.
A qui pourrait servir cet outil ? Quel est son public cible idéal?
Tout public, jeunes, habitants de Bruxelles (mais pas uniquement !).
Comment peut-on se le procurer ?Des exemplaires seront en location à la CNAPD même mais aussi dans d’autres centres de prêt (Point Culture, Culture et Santé, Annoncer la couleur, etc.) Une liste des centres de prêt sera publiée et mise à jour sur le site de la CNAPD.