La presse le révèle ce 10 février 2021: des armes et des munitions wallonnes vendues à la garde nationale saoudienne se retrouvent au cœur du conflit yéménite. Pour nos associations, la révélation se situe ailleurs que dans cette annonce. Nulle surprise en effet du côté de la présence d’armes wallonnes sur le théâtre de guerre yéménite, mais seulement une confirmation des avertissements et craintes maintes fois répétées aux autorités wallonnes : l’exportation d’armes wallonnes en Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis aura nécessairement pour effet de voir ces armes aboutir, à plus ou moins court terme, sur un théâtre de guerre. Le doute n’était donc pas réellement permis, aujourd’hui il peut être entièrement levé : des armes wallonnes sont présentes au Yémen. Les ONG, les Nations Unies, les acteurs et actrices académiques le répètent depuis des années, mais il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut voir. Et le gouvernement wallon n’a pas seulement choisi de détourner la tête et de fermer les yeux : il a livré ces armes en parfaite connaissance de cause, comme en témoignent les différentes procédures lancées par nos associations auprès du Conseil d’Etat depuis la fin de l’année 2018.Par contre, la presse signale en même temps que le gouvernement wallon a délivré des nouvelles licences d’exportation pour la garde nationale saoudienne, alors que différentes décisions du Conseil d’Etat ont suspendu puis annulé la délivrance de telles licences à plusieurs reprises au cours des dernières années. Les dernières licences suspendues l’ont été au début du mois d’août 2020. Ce sont ces licences qui ont été retirées en novembre dernier par le Ministre-Président Wallon pour ensuite les réautoriser après consultation de la Commission d’avis. Le gouvernement wallon, dans l’opacité toujours plus grande et en contradiction flagrante avec l’accord de gouvernement, persiste à vouloir commercer avec cette branche de l’armée saoudienne, envers et contre tous les avertissements et, surtout, en violation de plusieurs décisions de la plus haute juridiction administrative.Nos associations, la Ligue des Droits Humains (LDH), la Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie (CNAPD) et Vredesactie, avec le soutien d’Amnesty International, n’ont d’autres choix que de retourner devant le Conseil d’Etat pour demander la suspension et l’annulation de ces nouvelles licences. Elles étudient en outre les possibilités juridiques de demander réparation à la Région wallonne en raison de sa faute manifeste.Alors que même les Etats-Unis ont suspendu leurs ventes d’armes à l’Arabie Saoudite suite au changement d’administration, pour la Région wallonne, c’est business as usual. Il va falloir choisir son camp. Et les actes valent toujours plus que les discours.Contacts presse :Manuel Lambert (LDH) : 0479/86.90.82Hans Lammerant (Vredesactie) : 0486/60.97.06Ludovic Laus (Amnesty International – Belgique francophone) : 0483/00.15.67Samuel Legros (CNAPD) : 0484/64.57.92Vincent Letellier (Avocat des trois associations) : 0477/20.61.91