Cela fait maintenant plus de quatre ans que l’Union européenne et le reste du monde ont décidé de mettre le couvercle sur les casseroles syrienne et irakienne. Plus de quatre ans que le monde reste sourd aux appels à l’aide de la population syrienne, coincée désormais entre un régime dictatorial sanguinaire et des rebelles islamistes cruels et meurtriers…
…Que la communauté internationale demeure insensible à l’impuissance dans laquelle se trouvent les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie…) complètement débordés par l’afflux de réfugiés fuyant les combats et les massacres. Que le personnel politique européen détourne le regard de la détresse des hommes, des femmes et des enfants qui tentent de rejoindre un lieu sûr, de retrouver un avenir. Pire, que la seule réponse de l’Union européenne à la crise des réfugiés reste de construire toujours plus de murs, toujours plus de fossés.
Mais cet été, il a bien fallu que nos dirigeants reconnaissent que les casseroles se sont mises à fortement déborder. Les images de ces colonnes de réfugiés sur les routes, de ces gens tentant de forcer les fils barbelés, de cet enfant noyé et rejeté par la mer et de ces tentes qui ont fleuri un peu partout comme dans le parc Maximilien à Bruxelles jettent à la face du monde l’irresponsabilité dont il a fait preuve jusqu’à présent. Et les réactions se sont multipliées, dans tous les sens, pour dire tout et son contraire.
Bien sûr, et notre pays en est malheureusement un bon exemple, les discours nauséabonds ont fleuri qui allient racisme, islamophobie, repli sur soi et manipulation de la peur d’autrui. Bien sûr, et notre pays en est heureusement un bon exemple, des citoyens se sont mobilisés et organisés dès le premier jour pour fournir aux réfugiés l’aide qu’ils n’ont pas obtenue de nos autorités.
Bien sûr, tout le monde a instantanément trouvé sa solution à la situation actuelle. Et probablement que celle qui fait le plus son chemin aujourd’hui est la perspective d’une intervention militaire en Syrie, alors que cela fait déjà plusieurs mois qu’une coalition internationale dont fait partie la Belgique bombarde l’Irak sans résultats. Une telle intervention ne ferait évidemment qu’augmenter le feu sous la casserole. Plus de morts, plus de destructions, plus de fanatisation, plus d’armes… et donc, plus de réfugiés. Cette réponse est définitivement un non-sens absolu.
Mais alors que faire ? La CNAPD et les milieux pacifistes plaident depuis des années pour un retour à une solution politique et diplomatique, en premier lieu au niveau régional. Un accord a enfin été trouvé sur le nucléaire iranien, profitons-en pour réintégrer l’Iran comme puissance régionale dans la communauté internationale. L’Iran en tant que grand frère du régime syrien a un réel rôle à jouer dans les futures négociations. La Turquie a aussi sa place dans le jeu, à condition que ses alliés fassent enfin pression sur elle pour qu’elle cesse ses attaques contre les Kurdes à des fins purement électorales. L’Arabie saoudite qui abrite de nombreux (ex-)soutiens financiers du soi-disant Etat islamique doit également s’impliquer dans la recherche d’une solution pacifique et durable. Quant aux Etats-Unis, à la Russie et à l’Union Européenne, il est grand temps qu’ils cessent leur interventionnisme et qu’ils soutiennent les efforts de paix à leur juste place.
La casserole bout, il est plus que temps de couper le feu de la guerre et de la violence, d’enlever le couvercle du repli sur soi et de l’Europe forteresse et d’enfin rajouter les ingrédients de la paix et de la diplomatie. Il n’est pas dit que la recette est facile mais il faudra rapidement s’y mettre pour éviter que l’Histoire ne repasse les plats afghans et libyens.