Les alliés de l’OTAN se sont une nouvelle fois exprimés, mardi 26 juin, sur leur combat pour « les normes internationales, la paix, la sécurité et le respect de la vie humaine ». Fort bien ; même si les actions et les déclarations de l’OTAN sont autant de menaces aux normes internationales, à la paix et la sécurité, et plus particulièrement au respect de la vie humaine. Le cas de la réaction otanienne vis-à-vis de la guerre civile syrienne ne fait pas exception : si celle-ci s’enlise et s’aggrave jour après jour, c’est aussi parce qu’elle est amplifiée et exacerbée par la « communauté internationale ». La plupart des mandataires belges ne font pas exception à cette règle : ils soutiennent tels groupes de personnes face à tels autres plutôt que de soutenir avant tout l’instauration d’un cessez-le-feu.
Le dialogue, sans conditions
On se positionnant en effet dans une logique de soutien d’un bloc contre un autre, on ne peut pas favoriser la construction d’une solution politique. On ne peut qu’amplifier les conflits à l’intérieur, et éloigner d’autant la mise en route du dialogue qui devra pourtant un jour ou l’autre avoir lieu. En enterrant, en tout cas en parole, la mission d’observation de Kofi Annan ; en demandant incessamment le départ de Bachar El-Assad comme prérequis au démarrage du processus politique ; en armant l’opposition – ou une opposition – ; on empêche l’émergence du processus politique. Il apparaît ainsi contradictoire d’entendre les discours véhéments des acteurs de la scène internationale demander d’un côté l’arrêt des violences et de soutenir de l’autre côté, « son bloc » quand celui-ci met des préconditions pour toute initiative de dialogue (l’initiative du Ministre Reynders auprès du groupe des « amis de la Syrie est exemplatif à ce propos). Quand on veut voir cesser les violences, il faut le vouloir sans conditions. Il n’est pas question ici de minimiser les massacres et les meurtres qui ont été, qui sont, et qui seront hélas très probablement encore commis. Les responsables devront être désignées et condamnées, par les futures institutions syriennes qui résulteront du dialogue national et par la justice internationale. Pour l’heure, le seul message qui doit être porté est celui de l’importance primordiale du dialogue, courageux, difficile mais nécessaire. Sans préconditions, sous l’égide de l’émissaire des Nations-Unies, sans objectif prédéfini si ce n’est celui de la cessation des hostilités. Ce message doit être celui de nos mandataires politiques belges, tant dans leurs actions dans les foras internationaux que dans leurs opérations de soutien politique : il faut avant tout soutenir l’instauration du cessez-le-feu.
Comment être pour la justice internationale, la paix et l’armement ?
Le fossé qui sépare le discours et les actes prend une tournure dramatique et grotesque, quand on en vient à prendre conscience que cette « communauté internationale » qui s’indigne des violences en Syrie arme chacun son « bloc ». Il en va de la Russie, bien sûr, dont le commerce des armes avec le régime syrien est florissant. Mais il en va également de pays qui ont pourtant souscrit à l’ « embargo » européen sur le commerce d’armes avec la Syrie. A nouveau ici, les vindictes de nos mandataires politiques contre la Russie – totalement légitimes – se tarissent quand on en vient aux partenaires. La recherche d’une réelle cessation des hostilités est au prix minimum de la concordance entre les discours et les actes.