A l’occasion des Global Days of Action on Military Spendings 2022, qui se déroulent du 13 avril au 12 mai 2022[1], la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD) tient à rappeler son action de sensibilisation et de plaidoyer pour la Paix, le désarmement global et la lutte contre le dérèglement climatique. Alors que le GIEC, et d’autres organismes tels que l’IPBES[2], alertent sur les effets catastrophiques de l’activité humaine sur le climat, le bien-être des populations et des écosystèmes[3], les gouvernements se sont lancés dans des plans de dépenses militaires toujours plus importants, bien souvent au détriment d’investissements dans des secteurs de la société pourtant essentiels. En 2021, un record a même été battu : pour la première fois dans l’Histoire, le total des dépenses militaires mondiales a dépassé la barre des 2 000 milliards de dollars[4]. La Belgique s’inscrit clairement dans cette tendance haussière : avec l’adoption, le 28 janvier 2022, d’un nouveau plan d’investissements dans le secteur militaire (plan STAR), le gouvernement fédéral belge prévoit de nouvelles dépenses onéreuses, de l’ordre de 10,2 milliards d’euros supplémentaires pour la période 2022-2030[5].Investir dans le secteur militaire, c’est investir dans un secteur polluant et à l’impact écologique désastreux. Alors que tous les secteurs de la société doivent contribuer à l’effort de réduction des émissions de gaz à effets de serre dans le but d’atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050, le secteur militaire ne semble pas suivre le même chemin. En effet, ce secteur demeure à l’heure actuelle un des plus gros consommateurs d’énergies fossiles. A titre d’exemple, l’ensemble des forces armées des Etats-Unis ont émis, au cours de l’année 2017, plus de gaz à effet de serre qu’un pays comme la Suède[6]. Les recherches actuelles sur l’impact écologique du secteur militaire souffrent également d’un manque de données, ce qui rend difficile d’avoir une vue globale sur la question. Dans la pratique, les Etats ont fait en sorte, via des pressions diplomatiques, que les émissions de gaz à effet de serre du secteur militaire ne soient assorties d’aucune obligation dans le cadre des évaluations globales de l’Organisation des Nations unies concernant le changement climatique[7]. L’environnement a besoin de protection, et non d’une fuite en avant guerrière. Ce n’est pas en poursuivant cette logique militariste que les crises climatiques et de la biodiversité trouveront des pistes de réponse adéquatesEn cette période caractérisée par la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, avec la menace de guerre nucléaire qu’elle fait peser, la CNAPD considère qu’il est urgent de travailler enfin à un désarmement nucléaire complet et global. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, « même une guerre nucléaire régionale limitée pourrait provoquer un refroidissement du climat mondial qui réduirait la production vivrière pendant de nombreuses années et placerait un milliard de personnes sous la menace d’une famine »[8]. De ce fait, la réponse au dérèglement climatique doit donc nécessairement inclure le désarmement nucléaire. Les armes nucléaires représentent un risque existentiel pour l’environnement et pour l’humanité, et les coûts considérables liés à leur exploitation sont inacceptables et torpillent toutes les initiatives en matière de coopération internationale et, par conséquent, les efforts indispensables au règlement des crises mondiales[9].Le message de la CNAPD est clair : nous demandons au gouvernement belge de revoir sa copie et de rediriger ses investissements et ses efforts dans la lutte contre le dérèglement climatique. De même, nous demandons à l’ensemble des gouvernements d’œuvrer à un désarmement conventionnel et nucléaire. Celui-ci doit être au centre des priorités de l’action politique, sans quoi les objectifs fixés au niveau international ne sauront être atteints. Aujourd’hui plus que jamais, il est urgent de diminuer drastiquement les activités militaires et de travailler à prévenir les guerres destructrices. Militer pour le climat, c’est militer pour la Paix et la justice environnementale. Posons-nous la question : quelle planète voulons-nous laisser aux générations futures ?[1] https://demilitarize.org/[2] https://ipbes.net/[3] https://climat.be/changements-climatiques/changements-observes/rapports-du-giec/2022-impacts-adaptation-et-vulnerabilite[4] https://www.sipri.org/sites/default/files/2022-04/fs_2204_milex_2021_0.pdf[5] https://www.rtbf.be/article/le-conseil-des-ministres-approuve-le-plan-star-la-nouvelle-vision-strategique-pour-la-defense-10923854[6] https://reporterre.net/Le-secteur-militaire-toujours-dispense-d-efforts-pour-le-climat[7] https://militaryemissions.org/problem/[8] https://www.icrc.org/fr/doc/assets/files/2013/4132-2-nuclear-weapons-global-food-production-2013-fre.pdf[9] https://www.ritimo.org/Armes-nucleaires-et-changement-climatique