A défaut d’être un phénomène récent, la question du terrorisme a, ces dernières années en particulier, été propulsé sur le devant de la scène politique et médiatique belge, le tout dans un climat particulièrement anxiogène. Si le mot est entré dans le vocabulaire courant, il recouvre pourtant un phénomène particulièrement complexe et mouvant difficile à décoder.
Mettre en lumière et comprendre les mécanismes qui génèrent des conflits et de la violence a toujours fait partie des missions fondamentales de la CNAPD. Et c’est bien l’objet du nouveau site produit par la Coordination : www.questionsterrorisme.be . Permettre de comprendre et d’appréhender la question du terrorisme afin que le citoyen puisse faire une analyse critique non seulement du phénomène mais également des solutions qui sont proposées pour le combattre.
Mais rappelons que tenter de comprendre un tel phénomène ce n’est pas l’excuser ou le rendre légitime. Nous pensons seulement qu’étudier et comprendre les causes profondes qui rendent ce genre d’actes possibles n’est que la première étape fondamentale pour y apporter une réponse efficace et instaurer une véritable sécurité.
Car depuis toujours pour la CNAPD, la véritable Paix et la sécurité ne s’obtiennent qu’en luttant contre les éléments qui soutiennent une culture de violence : la pauvreté, les injustices, les inégalités, le sentiment d’exclusion… Et dans ce cas nous pouvons légitimement nous demander si les mesures prises par notre gouvernement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme (mais aussi dans le cadre des politiques d’austérité par exemple) apportent une réelle réponse ou au contraire renforcent les mécanismes desquels émergent la violence. Car même si personne ne souhaite que des événements tels que nous en avons vécu il y a presque un an se reproduisent, ici ou ailleurs, ils importent que les politiques que nous mettons en place ne renforcent pas les « effets secondaires » qui en découlent : amalgames, raccourcis, repli sur soi… tant d’effets qui mettent à mal le vivre-ensemble, la tolérance et le respect de l’autre, véritables gages de Paix et de sécurité.
Chère Naïma,
Tant que les conflits subsisteront et que les grandes puissances (USA, Russie, Arabie Saoudite) tenteront d’asseoir leur influence par milices ou dictateurs interposés, il est utopique de croire que la Belgique seule résoudra les problèmes du terrorisme. Je sais ce qui se passe sur le terrain, l’épuisement des forces de l’ordre qui exécutent une politique qui n’est pas à l’écoute. Lorsque je vois vos conférenciers invités pour qui j’ai du respect pour leur cursus universitaire, ce ne sont pas des personnes près de la réalité de terrain. C’est très beau les théories mais écrire des livres ne résoudra pas la réalité. Il faudra entraîner dans cette discussion la politique européenne et encore elle seule ne pourra pas résoudre ce problème. Le terrorisme n’est pas un phénomène neuf, le danger actuel est qu’il excite une réaction populiste. Voyons Trump, Erdogan et Wilders. Je pense, sans être visionnaire que nous nous dirigeons vers un scénario à « la 1930 » en Allemagne. Si vous avez des solutions je suis curieux de les entendre. Je vous souhaite plein succès et j’ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer certains de vos collègues.
Cordialement,
Christian de Vroom
commissaire général hre.
Cher monsieur de Vroom,
Merci d’abord pour votre commentaire. Nous espérons que vous viendrez une nouvelle fois partager votre expérience du terrain avec nous vendredi prochain et que nous pourrons débattre de ces sujets lors de la conférence.
Judith Saintes
Webmaster