Nous traversons une étrange période où les mots ont l’air de perdre leur sens premier, pour se transformer en actes dénaturés, et peut-être en banalisation. Le champ lexical de la guerre en est l’exemple frappant.
Échauffés par leur croisade libératrice, les alliés de l’OTAN semblent ainsi utiliser le mot guerre à tort et à travers, pour désigner ici une entreprise de sécurité et de paix, et là pour qualifier une activité diplomatique de prévention des conflits.
La guerre dont nous avons été les tout frais témoins en Libye, et la manière dont elle est perçue et relatée, semble malheureusement confirmer ce constat, quand même des « mouvements mondiaux en ligne » – qui se réclament du pacifisme – en appellent à une intervention étrangère en Syrie (400.000 signatures à ce jour).A croire ce qu’on entend, ce qu’on voit et ce qu’on lit, cette option entre dans le champ de la normalité, tout comme la perspective d’une guerre contre l’Iran, lancée par des pays qui disposent de l’arme nucléaire, i.e Israël et les États-Unis ; une arme abjecte, peu importe la personne qui la détient.N’existe-il pas d’autres solutions ? Devient-il absurde de vouloir construire des réponses nonviolentes ? Et quelles réponses ?Aucune d’entre elles ne fera l’unanimité. Chacun y allant de son analyse et de son point de vue. Mais l’unanimité doit se reconstruire autour de la conviction que la violence doit à tous prix être évitée, que le droit international ne se construira pas sous le bruit des bombes, que la sécurité des individus ne se trouve pas au bout du canon.La CNAPD s’inquiète de voir de plus en plus relayer des possibilités de guerre présentées comme positives et libératrices, occultant toutes les conséquences absolument prévisibles et désastreuses.La volonté politique – discursive – des dirigeants occidentaux est visibles, certes. Mais celle-ci est biaisée par des moyens qui n’en sont pas. Si, comme annoncé, c’est un monde plus sécurisé et moins violents que l’on recherche, mettons les moyens là où ils seront les plus efficaces : diplomatie, coopération au développement. Et questionnons le lien entre cette politique proclamée volontariste et l’augmentation continuelle des dépenses militaires. Il suffit en effet de faire une simple et rapide comparaison entre les budgets militaires et les budgets alloués au fonctionnement des Nations-Unie pour voir que la volonté politique de nos dirigeants peut être sérieusement questionnée. Celle-ci ne pourrait être justifiée et concrétisée que dans des efforts politiques et budgétaires vers le renforcement des institutions internationales multilatérales.