Penser à long terme… en voilà un exercice compliqué. En particulier quand il s’agit de faire face à ce qu’il perçoit comme une menace, l’Homme est souvent tenté de répondre par l’immédiateté, apporter une solution qui aura un effet tout de suite et maintenant et qui, à court terme semblera à assurer sa sécurité. C’est un réflexe humain sans doute, la priorité c’est de ne plus avoir peur. Il suffit de voir l’ensemble de mesures sécuritaires qui ont été mises en place à la suite des attentats de mars derniers et les effets d’annonce. La priorité du Gouvernement : montrer qu’on agit tout de suite et qu’on prend la menace au sérieux. Mais cela est-il réellement rassurant ?
Un autre réflexe lorsque l’on se sent en insécurité c’est de chercher un coupable. Si je me sens menacé c’est bien la faute de quelqu’un ou de quelque chose, non ? L’étranger, le chômeur, l’immigré, le croyant, le jeune… Et puis, tant qu’on y est, si nous voulons répondre rapidement à une menace il vaut mieux mettre tout le monde dans le même panier… Tous les étrangers viennent profiter de notre système, tous les chômeurs sont des profiteurs, les musulmans ne s’intègrent pas de toute façon… Tant d’amalgames que nous entendons tous les jours dans la bouche d’un citoyen lambda mais aussi de nos politiciens. Parfois, l’homogénéité semble plus simple à percevoir que la nuance…
Si nous devons, chacun en tant que citoyen, éviter de tomber dans ces travers, nos responsables politiques ont une capacité directe de déterminer la manière dont évolueront nos sociétés sur le long terme. Ils ont la capacité d’investir davantage dans l’enseignement, la protection sociale, la justice, l’environnement, la lutte contre les inégalités et la pauvreté… Certes, le retour sur investissement n’est pas immédiat mais plus que l’achat de matériel militaire ou la restriction des libertés, c’est celui qui assure une réelle sécurité. Désinvestir dans ces domaines c’est réellement menacer l’avenir de nos sociétés.
Et c’est aussi le sens du travail de la CNAPD. Aider nos concitoyens, les jeunes en particulier (et donc aussi nos futurs responsables politiques) à devenir des acteurs critiques, informés, responsables et solidaires en leur rappelant sans cesse que la véritable menace pour notre société ce n’est pas forcément celle qui apparaît de la manière la plus évidente.