Mesdames, Messieurs,
Eric était pour moi un compagnon de lutte, un compagnon de route. Si nous avons pu, à certains moments, opter pour des voies divergentes, il n’en est pas moins évident que nous marchions ensemble dans la même direction à savoir celle du rayonnement et de l’unité du mouvement pour la paix. Nous avions entamé, depuis quelques mois, une collaboration fructueuse à la direction de la CNAPD. Lorsqu’il était sur le point de me succéder à la présidence de l’organisation, il m’avait appelé pour me proposer d’être son vice-président. C’était une belle marque de confiance. J’avais accepté. Je m’étais dit notamment que ça me donnerait l’occasion de mieux connaitre Eric dont certains m’avaient tant vanté les mérites.
Non sans émotion, je me rappelle que je l’ai encore eu au téléphone pour préparer la prochaine réunion de nos instances quelques heures avant sa brutale disparition. Durant cet échange téléphonique qui restera le dernier entre nous, il avait conservé toute la bonhomie et le dynamisme qui le caractérisait. Aujourd’hui, le rideau est tombé sur le parcours impressionnant de cet homme d’exception et le drapeau de la paix en Belgique francophone est en berne.
Eric avait commencé à militer avec la CNAPD il y a plusieurs années. Il avait pris une part active aux manifestations contre l’installation sur notre territoire de missiles nucléaires. Il fut même, en cohérence avec son engagement politique d’alors, représentant de la jeunesse communiste dans les instances de la CNAPD. Eric écrira plus tard qu’il a beaucoup appris de cette période et notamment à -je le cite-« : pratiquer le pluralisme militant, la construction d’un mouvement social et d’un « rapport de forces politiques » ». Cette notion de pluralisme est importante tant dans le parcours d’Eric, que dans la réalité institutionnelle de la CNAPD. Eric a d’ailleurs écrit que s’il devait se définir par une couleur, ce serait-je le cite- : « gauche arc-en-ciel. Pour concilier les utopies radicales et les pratiques du pluralisme progressiste. » Cette notion de pluralisme progressiste doit faire, aujourd’hui plus que jamais, écho dans une société gangrenée par l’individualisme et le repli sur soi. La disparition tragique d’Eric émeut aujourd’hui l’ensemble des progressistes. Surtout ceux qui, comme lui, n’ont jamais renoncé à changer le monde, à concrétiser leurs utopies fussent-elles radicales. Le destin a voulu qu’Eric nous quitte alors qu’il évoquait le combat des brigades internationales. D’une certaine manière, il est parti en combattant, en recourant à sa rigueur et son enthousiasme pour entretenir la mémoire des luttes de progressistes qui s’engagèrent au péril de leur vie pour défendre leur utopie radicale. À partir d’aujourd’hui, il nous faudra honorer la mémoire d’Eric, de l’homme exemplaire qu’il était et des idées qu’il défendait avec la conviction et la passion qu’on lui connaissait. Une des manières d’y arriver est, bien entendu, de prolonger ses combats et de soutenir les causes auxquelles il croyait.
Stefan Zweig était son auteur préféré. Ce dernier disait: « Toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur.». Celle d’Eric s’est en grande partie vouée à militer pour la paix et de la citoyenneté, pour le désarmement nucléaire et l’égalité de droits, pour la solidarité internationale et la participation des jeunes. Son œuvre entamée le 5 février dernier à la CNAPD demeurera inachevée mais son souvenir restera, dans nos cœurs, aussi vif que son sourire.