La situation vécue par les 250.000 habitants de la ville d’Alep a suscité ces derniers jours une vague d’indignation légitime dans les pays occidentaux. En effet, la partie orientale de la deuxième ville de Syrie en termes d’habitants, aux mains de groupes rebelles et de groupes terroristes, est prise sous le feu aérien d’avions russes et syriens. Cette indignation est nécessaire et salutaire et la CNAPD se joint à cet élan de solidarité pour les victimes de la guerre.
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Car c’est bien de la guerre dont souffrent les habitants d’Alep. Une guerre qui, depuis presque six ans maintenant, a vu progressivement 18 pays différents bombarder massivement l’ensemble du territoire, et près du double alimenter différents groupes combattants en argent et en armes. Ces États et ces groupes combattants ont vu leurs objectifs fluctuer au fil du temps. Pour quel résultat positif ? Strictement aucun. La Syrie pleure désormais 400.000 morts, près de 5 millions de Syriens encore en vie ont fui le pays, 9 millions ont quitté leur foyer, 13,5 millions sont en attente urgente d’aide humanitaire. Les habitants d’Alep et de toute la Syrie sont pris dans l’étau de jeux de puissance qui les dépassent et qui tuent nombre d’entre eux.
Depuis le début du conflit syrien, la Belgique n’a jamais mené une politique de paix. Si c’était le cas, elle n’aurait pas systématiquement participé à postposer les différentes initiatives politiques. Elle aurait appelé continuellement à la cessation des violences sans conditions. Elle se serait opposée farouchement à cet accord abject entre l’Union européenne et la Turquie pour que cette dernière retienne les Syriens qui fuient les violences. Elle aurait travaillé volontairement avec ses partenaires pour endiguer le flot d’armes livré continuellement aux différents groupes combattants. Elle n’aurait pas envoyé ses bombardiers au mépris du droit international.
Soyons toutefois de bon compte, depuis deux ans que la Belgique participe aux bombardements de la coalition internationale, elle ne parle officiellement plus de paix mais bien de « combattre Daech », comme si le second objectif ne s’inscrivait pas dans l’échec du premier. Or, au-delà de l’erreur stratégique de vouloir continuer à combattre le terrorisme par les bombes, il faut constater qu’en Syrie (comme en Irak d’ailleurs), c’est le chaos qui a autorisé l’avancée fulgurante de Daech et sa présence diffuse. Renforcer les causes pour ensuite prétendre combattre la conséquence est absurde. On l’observe avec acuité et amertume aujourd’hui.
La situation catastrophique de la Syrie a peut-être ceci de positif que l’évidence commence enfin à sauter aux yeux de certains : si l’on veut lutter contre le terrorisme en Syrie, il faut endiguer la violence hétérogène qui s’y exerce, strate après strate. C’est ainsi que le 12 septembre dernier, une trêve de 48 heures renouvelable a été concrétisée par les principaux sponsors de la guerre en Syrie : les États-Unis et la Russie. Celle-ci prévoyait le silence des armes (sauf contre Daech et Fateh al Cham¹) et l’acheminement d’aide humanitaire à Alep. La trêve prévoyait aussi, si elle persistait sept jours entiers, une coopération militaire entre Russes et Américains. Celle-ci aurait pu amorcer la solution politique que l’on appelle de nos vœux depuis près de six ans maintenant.
Volontaire ou accidentelle, la frappe américaine sur les forces gouvernementales syriennes et la reprise concomitante et renforcée des bombardements à Alep a fait voler ces maigres espoirs en éclats. Était-ce la dernière chance pour le peuple syrien de voir les belligérants se remettre autour de la table ? Nous nous devons de croire que non. Parce que c’est manifestement la seule option avant la mise à genou de l’une et l’autre des parties et des populations prisonnières.
Comme l’autre, mettons-nous à rêver. Le rêve d’une Belgique – pour qui, actuellement, la guerre est manifestement la continuation de l’apolitique par d’autres moyens –, qui échaudée par sa candidature au Conseil de sécurité des Nations unies, organise dans le palais Egmont, une réunion extraordinaire du « groupe de soutien international de la Syrie ». Une réunion rendue possible par un travail diplomatique acharné en pleine Assemblée générale des Nations unies, pour arracher aux autres membres du groupe un accord de principe d’en revenir aux conditions de la trêve du 12 septembre dernier.
Après tout, n’est pas utopiste qui veut. Et il suffit de tirer les leçons du passé et de constater le présent pour se convaincre que les personnes qui rêvent debout sont celles qui pensent que des avions bombardiers peuvent apporter la paix. Aujourd’hui, la Belgique peut prouver, par sa volonté de siéger au Conseil de sécurité, qu’elle entend y faire davantage que de la figuration armée.
Il faut sauver Alep, tout Alep, c’est pourquoi il faut combattre les rebelles (il n’existe pas de rebelles modérés ils sont tous armés et bombardent et utilisent des gaz de combats contre le reste de la ville. Ils empêchent aussi les habitant de fuir les combats) qui occupent la partie EST de la ville d’Alep et cesser de croire la propagande de la coalition occidentale qui agit en Syrie en toute illégalité. Il faut aussi cesser de porter crédit à l’observatoire syrien des droits de l’homme qui n’est qu’une agence financée par la CIA et dont le siège est depuis toujours en Angleterre.
il faut sauver Mossoul ! Comme quoi le soutien à « Help Syrie » correspond à la volonté des gouvernements Occidentaux de détruire la Syrie comme la Libye.