Au travers de cette action initiée par la CNAPD et Vrede vzw, ces communes vont rappeler la volonté partagée par la majorité d’entre nous, d’un monde débarrassé de la menace nucléaire. Rappel particulièrement d’actualité en cette année de commémoration des 70 ans des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki.
Les bombardements de ces deux villes, les 6 et 9 aout 1945, nous rappellent en effet l’effet dévastateur de l’arme atomique qui la rend illégale au regard du droit international. Les armes nucléaires ne contribuent pas à un monde plus sûr. Elles sont des armes de destruction massive qui menacent la survie des êtres humains et de l’environnement. Aujourd’hui, il existe encore 17 000 armes nucléaires dans le monde, dont une vingtaine en Belgique, sur la base aérienne de Kleine Brogel.
Les armes chimiques et les armes bactériologiques sont interdites par un Traité international. Les armes nucléaires, pas encore. Celles-ci sont donc les seules armes de destruction massive qui ne sont pas encore prohibées par une convention internationale, alors qu’elles disposent de la plus grande capacité de destruction. Une interdiction mondiale des armes nucléaires est attendue depuis longtemps et ne saurait être conclue dans un avenir proche qu’avec la pression du public et un leadership politique. Il est grand temps de négocier sérieusement ! L’interdiction ne va pas seulement rendre illégale l’utilisation ou la possession d’armes nucléaires pour les Etats, elle va aussi ouvrir la voie à une éradication complète de celles-ci. C’est d’ailleurs une obligation au regard du droit international : celui-ci oblige toutes les nations à entamer « de bonne foi » et à conclure les négociations pour le désarmement nucléaire. Toutefois, les pays dotés d’armes nucléaires ont jusqu’à présent échoué à présenter une feuille de route claire pour un monde libre exempt d’armes nucléaires. Tous investissent massivement dans la modernisation de leurs forces nucléaires, avec l’intention apparente de les conserver durant les nombreuses décennies à venir. En Belgique, cette question est directement liée au remplacement des avions chasseurs-bombardiers F-16, qui transportent les armes nucléaires stationnées à Kleine Brogel. Un échec prolongé sur le désarmement n’est pas une option. Tant que les armes nucléaires existeront, il y aura toujours un réel danger qu’elles soient utilisées à nouveau – par accident ou intentionnellement. Une abolition de l’armement nucléaire est urgente.
En arborant le drapeau de la paix sur leur maison communale, ces communes rappellent que le soutien de la société belge et mondiale pour un monde sans armes nucléaires est large et s’élargit encore. Une enquête récente de l’Université d’Anvers souligne ainsi que 61% des Belges veulent que les armes nucléaires stationnées en Belgique soient retirées. La Commission Défense de la Chambre a récemment (mai 2015) adopté – presque majorité et opposition réunies – une résolution dans laquelle elle demande au Gouvernement « d’inscrire résolument la Belgique dans la lutte pour le désarmement nucléaire dans le cadre de négociations multilatérales auxquelles la Belgique continuera de participer activement afin de libérer son territoire de toute présence d’armes nucléaires ». Au niveau international, 110 États membres sur les 193 que compte l’ONU ont signé au mois de mai l’ « initiative humanitaire », qui appelle à entamer des négociations pour la construction d’un Traité d’interdiction des armes nucléaires.
Pas moins de 43 communes bruxelloises et wallonnes et de 92 communes flamandes[1] vont hisser le drapeau de la paix ce 21 septembre, journée internationale pour la paix et le désarmement, une occasion supplémentaire d’appuyer la nécessité d’abolir les armes nucléaires, comme l’appellent de leurs vœux ces « communes pour la paix ».