L a violence et la peur se sont imposées à nous en 2015. Au-delà de la répression des symptômes qui fait gonfler la névrose, la CNAPD veut continuer à participer au travail qui interroge les causes du terrorisme. Afin de ne pas les refouler vers l’inconscience collective et de réaffirmer les valeurs fortes d’égalité et de fraternité. Parmi les outils qu’elle utilise, elle propose cette animation qui explore le champ de la communication, du symbolique et du politique. Développer l’esprit citoyen vous semble une priorité ? Développer la démocratie et défendre la liberté vous semble fondamental ? Le terrorisme est un sujet brûlant un peu confus ? Votre groupe s’interroge sur le fonctionnement des media ? Cette animation dynamique et critique remuera les certitudes…

Peut-on construire sa vie dans l’angoisse d’une réalité insaisissable ? Dans son dossier de synthèse Terrorisme : qui joue avec nos peurs ?[1], la CNAPD interrogeait déjà le rôle de ce que l’on appelle communément les média dans les perceptions de l’ampleur et de la qualité du phénomène terroriste. Sans aucunement euphémiser la gravité des actes posés et en condamnant fermement tout recours à la violence – a fortiori quand elle est aveugle ? – la CNAPD constate que le ressenti social à l’égard du terrorisme est passionné et exacerbé. Comment en serait-il autrement en cette fin d’année 2015 ? Mais penser un avenir collectif nécessitera pourtant d’encadrer et de dépasser l’effet tétanisant de la terreur. Et de comprendre les instruments qui véhiculent et amplifient cet effet.

Attention ! Désinformation !

Quels sont alors les outils, manipulés de façon plus ou moins consciente par les acteurs de l’information, qui font fonctionner le ressort de la peur ? Le grossissement, la redondance, la surinformation, l’urgence, le traitement teinté d’émotion, la sélection spectaculaire voire manichéenne, la simplification sont quelques caractéristiques du prisme médiatique qui certainement façonnent la représentation du phénomène. N’est-ce d’ailleurs pas cette visibilité désormais mondialisée et quasi instantanée qui est recherchée par ceux qui posent des actes qui terrorisent ? Le vecteur de cette information ne devient-il pas du même coup le vecteur de la peur ? Il s’agira d’amener à cette prise de conscience : s’informer pour faire sens et connaissance, c’est aussi déconstruire les discours sur les événements, comprendre la part de récit qu’il y a dans la relation des événements. Pour envisager son avenir, le jeune citoyen doit être en mesure de débrouiller les messages et assurer certains repères : il doit s’approprier le pacte médiatique que les marchands de la violence instrumentalisent avec facilité sur les réseaux sociaux qui court-circuitent les chemins traditionnels de l’info. L’animation se propose de l’y aider avec des outils simples et forts.

Ce brouillard d’informations a conduit pour une part à fantasmer la réalité du terrorisme. Au point de renforcer l’adhésion à l’idée qu’on puisse lui faire la guerre. Ou au point de lui concéder quelque justification lorsque le processus de séduction dépossède le sujet de sa révolte et lui confisque sa rationalité. Aussi, si l’on veut éclaircir le rôle des media dans cette problématique, est-il utile de circonscrire la notion floue de terrorisme. Il convient donc d’approcher de façon critique le phénomène en prenant du recul : une réflexion épistémologique et historique accompagnera quelques statistiques pour porter un regard plus relatif sur les représentations collectives partagées. En somme, des informations rigoureuses pour interroger la peur et la désinformation, conjugaison dangereuse, source de bien des maux. L’animation prévoit donc un travail de définition et de mise en questions.

Toutefois, il convient de rappeler la complexité du propos : la vocation première du journalisme est de résister à toute forme de manipulation mensongère et de rapporter au citoyen un compte-rendu de la réalité du monde dans lequel il vit. Aussi sans media de qualité, la réalité, complexe, serait-elle rendue invisible et la démocratie perdrait l’instrument nécessaire de sa potentialité. La forme suprême de la censure consisterait-elle alors à laisser vivre des média dociles et rentables qui ne feraient plus sens ? La commercialisation toujours plus avancée de l’information est probablement en passe de réussir ce tour de force et le terrorisme est un formidable outil de vente. Les partisans de la tentation sécuritaire et de la tentation identitaire usent également sans réserve de ce procédé. Faisceau convergent d’intérêts divergents en somme. L’actualité électorale française fournira des exemples.

Susciter un besoin de sens…

Exposés à une hyperinflation de l’info grâce à des moyens technologiques qui démultiplient les possibilités, les jeunes parviennent-ils encore à structurer du sens ? Quand ce n’est plus possible, le stéréotype charrie le préjugé qui induit l’amalgame et la pensée automatique. Le sujet perd toute vision critique de la réalité et peut devenir l’objet d’intérêts moins avouables fort bien pilotés. Travailler ce principe sur le thème du terrorisme, c’est travailler à rendre possible du vivre ensemble en dépassant les raccourcis confortables de l’esprit.  L’animation de la CNAPD se propose de mettre au jour le caractère indispensable du rôle des media mais aussi de le mettre en balance avec ses fragilités convoitées. Afin que le jeune ne soit pas qu’un consommateur béat d’information mais qu’il puisse construire ses choix à l’aide d’une information critique et sélectionnée.

Enfin, la notion même de medium doit être mise en perspective. Si l’animation de la CNAPD utilise les outils communément admis dans cette catégorie – la télévision, la presse, la radio et bien sûr les sites web -elle veut amener aussi vers des media qui ont une approche plus complexe de l’information. Le cinéma ou le théâtre, au même titre que la littérature, sont aussi des interfaces narratives construites qui mettent en relation un énonciateur et un destinataire autour d’un message élaboré. Le temps long est caractéristique de ces media qui nécessitent une maturation et une écriture différentes, souvent éloignés qu’ils sont des préoccupations éditoriales à court terme. L’animation adopte alors les possibilités du calendrier et des disponibilités : le choix peut s’orienter vers une pièce pertinente et accessible comme vers le long métrage de qualité le plus opportun. Jusqu’ici, elle a privilégié Les chevaux de Dieu, de Nabil Ayouch.

Parce que le monde ne peut se construire pacifiquement si les discours ne sont pas éclaircis, il est essentiel de concevoir, de renouveler, d’approfondir l’éducation aux media. Au risque que la désinformation mène au non sens. Pour participer à déjouer ce piège nihiliste, ce projet de la CNAPD cherche à ce que les jeunes des classes, des maisons de jeunes, des groupes informels, tous s’interrogent sur le rapprochement avec un sujet sensible, car chargé de non-dits, afin de s’équiper pour construire du sens et pour construire collectivement une société plus démocratique. L’actualité internationale et nationale rend tous les jours ce travail d’éducation plus complexe et plus urgent.

Un récit vivant et la présentation complète sur le site du Secteur Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Prendre contact avec la CNAPD pour prévoir une animation.

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     [1] CNAPD, Terrorisme : qui joue avec nos peurs ?, dossier pédagogique, juin 2010, p. 11, p. 28, p. 37.

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