Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, Concerne : Israël-Palestine : trois fois pour ! Pour le statut d’Etat de Palestine à l’ONU. Pour l’interdiction d’importer des produits des colonies. Pour la suspension des accords d’association Union européenne – Israël.
Très prochainement, l’Assemblée générale de l’ONU devra se prononcer sur la demande palestinienne d’admission en son sein comme « Etat non membre ». Cette reconnaissance internationale d’un Etat palestinien a pour but de surmonter l’impasse totale du processus de paix englué dans des négociations bilatérales impossibles ou même inexistantes.
Toute la question est de savoir si la communauté internationale est prête à reconnaitre, à côté de l’Etat d’Israël, l’Etat de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Cet Etat pourra ratifier les conventions internationales chères à la communauté internationale, ce qui renforcera donc les droits et la protection de tous, qu’ils soient palestiniens ou israéliens. L’ONU a joué un rôle fondamental dans la création de l’Etat d’Israël et en votant son admission comme Etat membre il y a plus de 60 ans. Ce ne serait qu’un juste retour des choses qu’aujourd’hui une voie similaire soit suivie pour l’avènement d’un Etat palestinien. Ce vote à l’ONU place tous les Etats membres de cette assemblée mondiale devant leurs responsabilités. Quelle sera la position de la Belgique ? Et de l’Union européenne ?
Nous vous demandons de voter, au nom de la Belgique, « oui » à l’octroi de statut d’Etat non membre de la Palestine à l’ONU, comme notre pays a voté, il y a un peu plus d’un an, pour son admission à l’Unesco. Soyons cohérent ! La Belgique pourrait difficilement expliquer que la Palestine doive être considérée comme un Etat pour devenir membre de l’UNESCO, mais pas pour devenir Etat « non membre » à l’ONU. Ensuite, avec la France qui vient de décider de voter « oui » à l’ONU, nous vous demandons de convaincre nos partenaires européens que cette voie du droit international est la seule qui permettra à terme la coexistence de deux Etats démocratiques vivant côte à côte en paix et en sécurité.
Par ailleurs, nous vous demandons de poursuivre sur la voie de la cohérence et de solliciter cette même cohérence de l’Union européenne, qui d’un côté condamne fermement la colonisation civile israélienne dans les territoires palestiniens occupés militairement, mais d’un autre côté importe massivement des produits en provenance de ces colonies illégales en droit international. La cohérence entre ses paroles et ses actes imposerait à l’Union européenne d’interdire l’importation des produits en provenance des colonies et de dénoncer les accords commerciaux prioritaires généraux avec Israël, vu le non respect de l’article 2 de l’accord d’association UE-Israël qui stipule que les relations entre les parties « se fondent sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, qui inspirent leurs politiques internes et internationales et qui constitue un élément essentiel du présent accord ». A l’heure actuelle, par le maintien de ces accords commerciaux et par l’importation des produits en provenance des colonies, l’Union européenne renforce en fait la colonisation alors qu’elle la dénonce en droit. Tous les observateurs insistent pourtant sur le danger de cette colonisation illégale d’Israël qui éloigne chaque jour un peu plus la solution à deux Etats.
Vous comprendrez que nous rendons publique cette lettre.
Recevez, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, l’expression de notre plus haute considération.
- Carlos Crespo, président de la Coordination Nationale pour la Paix et la Démocratie (CNAPD)
- Alexis Deswaef, président de la Ligue des droits de l’Homme
- Pierre Galand, président de l’Association Belgo-Palestinienne, coordinateur général du Tribunal Russell sur la Palestine et président du Forum Nord Sud
- Anne Grauwels, co-présidente de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB)
- Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11 asbl)