Le paramètre central qui guidera le déconfinement est, nous dit-on, le niveau de saturation des unités de soins intensifs. Lors de sa visite dans un hôpital le 03 avril dernier, le Ministre de la santé Frank Vandenbroeck l’assénait encore : « La pression est énorme […]. Si l’on veut aider les hôpitaux, il faut respecter les règles [sanitaires]. C’est la seule solution ». La seule solution ? Vraiment ? Après plus d’un an de pandémie, a-t-il, lui, fait en sorte d’augmenter la capacité d’accueil des hôpitaux et des unités de soins intensifs ? A-t-il mis les moyens pour engager davantage de personnel hospitalier pour faire face à l’afflux de patient·e·s et faire baisser cette pression ? Non.La pandémie révèle de manière criante les difficultés du secteur de la santé, qui subit depuis plusieurs années des coupes budgétaires violentes. Des coupes budgétaires qui résultent de choix politiques et qui ont abouti à la situation que l’on vit aujourd’hui. Rappelons-le encore une fois : en 2017, alors que la Ministre du budget Sophie Wilmès annonçait un budget pour la sécurité sociale ponctionné de près d’un milliard (902 millions) d’euros, le gouvernement dégageait 9,3 milliards d’euros pour l’achat de matériel pour l’armée belge : deux frégates, des chasseurs de mines, 450 véhicules blindés, des drones… et 34 avions de combat pour lesquels le gouvernement Michel a signé un contrat d’achat d’une valeur de plus de 4 milliards d’euros en octobre 2018.Ne serait-ce pas devenu une évidence purement rationnelle que de renoncer à ces achats ? Apparemment non : « il faut être responsables et assumer les choix faits dans le passé », entend-on de manière presque unanime à la Chambre. L’extrême radicalité des mesures imposées à la population tranche avec la mollesse des débats politiques sur « le monde d’après ». Nous sommes pourtant en plein avant de l’après. Il ne faudrait pas que la révolution que nous vivons malgré nous soit, à nouveau, un tour sur nous-mêmes.Dans ce CNAPD-infos, point de révolution. Nous restons radicalement engagé·e·s, comme avant, dans la construction du monde d’après, dans la fixation d’une autre échelle de priorités qui prenne pour horizon un monde plus égalitaire et plus juste, respectueux des écosystèmes naturels et humains.