Pour élever les défenses de la paix, il est nécessaire de déconstruire les rouages de la domination qui génère la violence. C’est pour contribuer à ce détricotage et lutter contre les causes profondes de la violence que la CNAPD sort deux nouveaux outils : une version actualisée de son outil « Logiques de domination. Dominations logiques ? » et « Bienvenue sur Perfectus ! », un nouveau jeu de société pour questionner la domination.


Œuvrer à élever les défenses de la paix, c’est besogner inlassablement à déconstruire la machinerie de la domination. Le langage qui performe des représentations du monde est l’un des rouages de ce mécanisme. Accordons-nous donc d’abord sur le mot Paix. Pour l’Assemblée générale des Nations unies, ce n’est pas juste l’absence de conflits mais « un processus positif, dynamique, participatif qui favorise le dialogue et le règlement des conflits dans un esprit de compréhension mutuelle et de coopération.[1]» L’objectif ainsi défini, le constat est cinglant. La réalité que nous expérimentons tous les jours en est très éloignée.Les rapports entre les personnes, entre les collectivités, entre les Etats restent largement caractérisés par la violence, basés sur la domination des un·es sur les autres. Parfois cette violence est directe et physique, souvent elle est plus subtile. Elle s’exerce sur les personnes de manière insidueuse, usant petit à petit les corps et les esprits et entravant les possibilités de satisfaire nos besoins de base[2]. Une violence bien souvent invisible car perçue comme ordinaire et renforcée par la complexité de ses structures.Si ce système est aussi tenace, c’est aussi et surtout que, plus ou moins consciemment, nous en sommes toustes complices, dominant·es ou dominé·es. Au 16ème siècle, Etienne de la Boétie expliquait déjà cette réalité par la servitude volontaire. Soumis·e par la peur de l’insécurité de la vie et la force de la coutume et grâce à l’intériorisation du rapport de force, chaque personne intériorisait puis finalement acceptait et défendait son statut de dominé·e. Au 20ème siècle, Antonio Gramsci démontrait ces processus d’intériorisation et de soumission par les outils de la culture hégémonique. Les personnes dominées le sont parce qu’elles utilisent et subissent les catégories mentales qui servent à leur propre domination. Pierre Bourdieu ne disait pas autre chose en posant les fondements de ce qu’il désigna comme la violence symbolique. Une violence qui prend les formes d’une justification et d’une légitimation de la violence inhérente au système donné, perçue comme nécessaire et évidente. Il y a intériorisation de la domination et ainsi légitimation de la place occupée dans un système donné. Cette violence est perçue comme légitime car le principe de classement dans ce système est lui-même perçu comme tel.Pour espérer construire les bases d’une culture de paix véritable et durable, il faut exposer et déconstruire ces rapports de domination afin d’enrayer, et finalement d’arrêter, ces mécanismes de légitimation de l’ordre social établi et violent. A cette fin, il est essentiel d’analyser le système dans sa globalité et de questionner sa genèse autant que son maintien et son évolution au regard de ces mécanismes d’intériorisation des normes sociales.La réédition de l’outil « Logiques de domination. Dominations logiques ? » et la parution du jeu de société « Bienvenue sur Perfectus ! » ont pour vocation de contribuer à mieux comprendre ces dominations et les violences qu’elles génèrent, permettent et perpétuent. Il s’agit de visibiliser certains de leurs rouages et engrenages, de déceler les mots et les modes qui les sous-tendent. Déconstruire les dominations pour construire la culture de paix.

Les deux outils sont disponibles sur demande auprès de la CNAPD à l’adresse suivante : info@cnapd.be. La nouvelle version de l’outil « Logiques de domination. Dominations logiques ? » sera disponible gratuitement à la fin de l’année 2019. Le jeu de société « Bienvenue sur Perfectus ! » sera disponible fin 2021. Il pourra être commandé en prêt et/ou dans le cadre d’une animation dispensée par l’équipe d’animation de la CNAPD.

Coralie MAMPAEY
[1] Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies A/53/243  : Déclaration et Programme d’action sur une culture de la paix : http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/53/243&Lang=F[2] http://www.irenees.net/bdf_fiche-notions-213_fr.html 

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