Que ce soit pour les produits étiquettés fair trade ou leurs campagnes en faveur d’un monde plus juste, rares sont ceux qui n’ont jamais entendu parler d’Oxfam en Belgique. Oxfam-Solidarité, une composante de la famille Oxfam Belgique, à côté des Magasins du Monde Oxfam et leur pendant du commerce équitable en Flandre Oxfam Wereldwinkels célèbre ces 50 ans cette année dans notre plat pays. Oxfam-Solidarité a la particularité d’être une organisation ancrée dans une famille internationale, un carrefour de différentes alliances entre personnes, comités, organisations et mouvement du Sud et du Nord.

Entretien avec Xavier Declercq, directeur du programme Nord d’Oxfam-Solidarité.

Oxfam-Solidarité agit dans beaucoup de domaines (développement, aide d’urgence, récolte de fonds, éducation, seconde main…) et dans beaucoup de pays (La confédération internationale est présent dans plus de 90 pays, Oxfam-Solidarité a des programmes dans 15 pays). Quel sont vos missions qui délimitent vos actions ?

La pierre angulaire de notre action c’est le développement. Et pour nous, le développement est un ensemble de droits qui doivent être acquis par chaque citoyen de la planète. Il est la condition indispensable à la paix. La sécurité humaine se définit pour nous, comme d’ailleurs au niveau des Nations Unies, dans plusieurs domaines : alimentaire, socio-économique, intégrité physique, climatique… Nous travaillons donc à fortifier les individus, les organisations dans la connaissance de leurs droits fondamentaux, pour qu’ils puissent disposer d’eux-mêmes et veiller à la garantie de ces droits face aux autorités publiques.

On peut donc comparer Oxfam à une sorte de « facilitateur » pour que les citoyens, la société civile, puissent faire entendre leur voix ?

Tout à fait. Après la rédaction, ce n’est qu’un exemple, des « Voluntary Guidelines on the right to food » (sorte de guide de conduite sur la sécurité alimentaire), fruits des négociations entre La Via Campesina , les entreprises et les Etats, Oxfam a fait du plaidoyer vers la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire Internationale sur cette question. Quelques mois plus tard, la BM déclarait que leurs actions devaient être compatibles avec les VGL.

Comment parvenir à avoir une telle force sur le terrain politique ?

Ce qui nous permet de parler d’une voix forte sur la scène politique, c’est notre ancrage dans une famille internationale et notre présence dans de très nombreux pays. Comme vous pouvez le lire sur notre site, nous tirons notre légitimité : de nos objectifs de travail, de notre expérience, de nos relations solides avec nos partenaires, du soutien significatif et constant du public, de la transparence par rapport à nos objectifs, de notre fonctionnement interne, de nos méthodes d’actions … et de nos résultats !

Cette présence à plusieurs niveaux, du partenaire local au sud, en passant par Washington, Genève et bien d’autres centres de pouvoir, aussi dans un monde avec une nouvelle corrélation de forces, nous permet de parler de parler de problématiques complexes en bonne connaissance de cause. Par exemple, nous avions mené une campagne sur l’illégitimité de l’accaparement de terre, à la suite de laquelle le géant Coca-Cola a décidé de mettre en œuvre une politique de « tolérance zéro » des accaparements de terres dans sa chaîne d’approvisionnement en sucre !

C’est ce que vous appelez le « one program approach » non ?

Oui, c’est la stratégie d’Oxfam. Le travail des ONG doit se décloisonner plus qu’aujourd’hui. Le travail structurel avec des partenaires dans les pays doit s’articuler mieux avec des approches de plaidoyer local, régional ét international., avec un travail humanitaire comme par exemple la préparation aux risques climatiques, augmentant ainsi la résilience. C’est la combinaison de ces différentes actions qui permettent des changements structurels.

Oxfam plaide pour une meilleure articulation entre l’humanitaire et l’aide au développement. L’augmentation constante de crises et conflits au niveau mondial exige une compréhension et une prise en compte des caractéristiques entre ces deux dynamiques.

 Oxfam, c’est donc un acteur du changement?

Il est très motivant de voir les choses bouger, évoluer vers les changements impératifs pour un monde plus solidaire. Bien que la tâche à accomplir pour y parvenir reste très lourde.

Faire partie de la CNAPD, c’est…

Historique au départ. « Désarmer pour développer » est la clef de voûte d’Oxfam Belgique et de la CNAPD. C’est aussi une évidence structurelle, les acteurs qui luttent pour la paix et la sécurité (au sens entendu par l’ONU) doivent se rassembler un maximum pour avoir un écho.

 Quelques campagnes:

 

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