Depuis les frappes iraniennes du 1er octobre sur Israël, des appels se succèdent pour se tenir aux côtés de ce dernier et soutenir son présumé droit à se défendre contre l’Iran, comme avant contre Gaza, le Liban, le Yémen ou la Syrie. La CNAPD refuse cette posture et appelle instamment à s’attaquer aux causes de ce qui pourrait dégénérer en conflit global, à savoir l’impunité que nos pays garantissent à Israël en dépit de sa politique coloniale et d’apartheid et l’absence de justice pour le peuple palestinien.

Après les tirs iraniens dont il a été victime dans la soirée du lundi 1er octobre, Israël invoque une nouvelle fois son droit à se défendre, cette fois contre la République islamique. Ce faisant, il reste constamment soutenu par une grande partie du monde occidental, les États-Unis au premier chef, ainsi qu’une partie des commentateurs, lesquels conjecturent sur la future “réponse” de Tel-Aviv.

Voilà des mois maintenant que le droit à la légitime défense, comme une invocation, sert d’appui théorique à la fuite en avant.

Rappelons tout d’abord que le droit à la légitime défense n’est ni général ni absolu. Il doit répondre à certains critères juridiques, parmi lesquels la proportionnalité. Or, certains continuent d’apposer l’étiquette « défense » sur les assauts meurtriers et dévastateurs d’Israël, qui se déploient sous nos yeux en dehors de toute proportion. Le « droit à la légitime défense » n’autorise en rien ce que des organisations comme la FIDH qualifient de génocide en cours à Gaza, ni l’invasion du Liban, les assassinats dont s’est rendu coupable Israël à Téhéran, à Beyrouth ou à Damas, ou encore ce « coup de génie », selon les termes du président du MR, des bipeurs libanais piégés, affront direct et délibéré aux prescrits du droit international. 

En outre, pourquoi donc accordons-nous sans faillir, dans nos pays, un droit absolu à Israël que l’on dénie à tous ses voisins ? Nos pays ne se positionnent-ils pas, depuis le concept stratégique adopté à l’OTAN en juin 2022, comme les garants « de l’ordre international fondé sur des règles » ? Les exceptions ne peuvent pourtant en aucun cas confirmer la règle. Et les exceptions sont pléthores, que l’on songe notamment aux centaines de résolutions des Nations Unies ou aux récentes décisions de la Cour internationale de justice. Les exceptions rendent la règle caduque et justifient malheureusement tous les excès.

Le gouvernement israélien aurait approuvé la prochaine phase des opérations de l’armée israélienne au Liban, et se préparerait à une offensive contre l’Iran, avec le soutien des États-Unis et d’une partie des Européens. Nous devons refuser de nous laisser embrigader dans une nouvelle « guerre juste » dévastatrice.  Le cercle vicieux de la violence au Proche et Moyen-Orient ne s’arrêtera que lorsqu’on s’attaquera aux causes profondes des tensions régionales. En particulier, il convient de rompre avec l’illusion que nous pourrions modeler le Moyen-Orient en fonction des intérêts occidentaux, et qu’une normalisation pérenne des relations entre les États de la région et Israël serait possible sans justice pour les Palestiniens. 

À court terme, il faut parer au plus urgent : faire taire les armes. Les alliés de l’Iran ont annoncé à de multiples reprises que les tirs déclenchés dès le 8 octobre en solidarité avec les groupes armés palestiniens cesseraient immédiatementune fois un cessez-le-feu conclu à Gaza. C’est d’ailleurs pour donner une chance au cessez-le-feu que l’Iran s’était jusqu’alors abstenu de réagir à l’assassinat sur son territoire du chef de la branche politique du Hamas Ismail Haniyeh le 30 juillet dernier. Tous les efforts doivent converger pour contraindre les autorités israéliennes à conclure un cessez-le-feu immédiat et permanent sur base de la résolution 2735 du Conseil de sécurité de l’ONU.

À cette mesure d’urgence doit impérativement succéder la mise en œuvre des résolutions de l’ONU qui visent à garantir le droit des Palestiniens a l’autodétermination, à commencer par la résolution appelant au retrait inconditionnel du Territoire palestinien occupé par Israël et à l’évacuation des colonies.

Les autorités israéliennes ne peuvent persister dans leur posture belliciste que grâce au soutien économique et militaire des pays européens et nord-américains. Nous avons le devoir et les moyens de les conduire à rompre avec la logique de guerre et faire le choix de la paix par la justice. Il y va de l’avenir des peuples de la région, et, plus largement, de l’ensemble de la planète qui pourrait se trouver déstabilisé dans des proportions inimaginables par la poursuite et l’extension du conflit.

Giulia Contes, Co-présidente

Grégory Mauzé, Co-président

One thought on “Parer au plus urgent au Moyen-Orient : faire taire les armes, refuser l’embrigadement

  1. Anna-Maria De Witte dit :

    Merci! Tout à fait d’accord avec vous! Puissent les pacifistes vaincre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.