Quel est l’intérêt de parler encore du terrorisme ? Après tous les spécialistes de la question, les documentaires, les interviews, … Pourquoi créer un site internet sur le terrorisme ? Pour ajouter encore plus de complexité à ce concept ? Non c’est parce qu’il est temps de sortir de ce marasme médiatique et de (re)mettre le terrorisme en questions. Un phénomène dérangeant qui mérite bien plus qu’une simple attention.
Au delà du « on »
D’aussi loin que je me souvienne, à chaque fois que je partais bourlinguer en dehors de mon plat pays, il y avait deux types d’outils que je chargeais dans mon baluchon. Les premiers étaient d’origines matérielles (torche, gourde, lunettes de soleil et slips) et les deuxièmes d’origines mentales étaient des représentations, des stéréotypes, des clichés.
J’avais besoin de ces images de là-bas, de ces mots ou parfois maux qui décrivent si bien l’Autre. Il m’est même arrivé de partager leur représentation mais sous une autre formulation : chez moi « on » me disait que les Africains étaient lents, et là-bas « on » me disait que « les Européens possédaient la montre et que les Africains avaient le temps ». Et parfois j’étais choqué de ce que j’entendais sur moi, sur ma culture, sur le « on » que nous sommes. « Non » la bière n’est pas allemande, « non » le chocolat n’est pas suisse, « non » la frite n’est surement pas française (French fries) et « NON » je refuse que les Belges soient comparés à Jean-Claude Van Damme, ou traités de pédophile.
Alors je me suis penché sur l’origine de ces représentations et sur quoi elles se basaient. En Colombie j’ai appris d’un voyageur Américain que « le Français pue ». C’était une bonne base pour ma recherche (je n’avais pas envie d’enquêter sur le Belge pédophile). Au début j’avais focalisé mon étude (très scientifique) sur la production du fromage. Mais la réponse ne se trouvait pas dans les produits laitiers odorants. Non j’avais trop réfléchi, c’était bien plus simple et encore plus dénué de sens. L’origine de l’odeur nauséabonde du Français proviendrait des… Looney tunes : une série animé américaine qui a eu un grand succès dans les années 90. Et plus particulièrement à cause de Pépé le putois. Un personnage de dessin animé à l’accent français continuellement en quête de l’amour.Face à ce constat je ne pouvais que modifier ma perception du Français, je ne pouvais pas ignorer leur caractère unique en les assimilant sans nuances à de simples puants et j’ai commencé à voyager avec eux. Un voyage que je n’oublierai jamais tout comme ceux qui m’ont accompagné sur la route. Dorénavant je ne m’encombrerai plus de ces clichés, le seuls que je prendrai avec moi seront photographiques et seront toujours positifs.Aujourd’hui je suis revenu vivre en Belgique, et je m’informe le plus possible. Je regarde la télévision, je vois partout les mots « terroristes », « islam radical », « Etat islamique »… Je lis les journaux et je tombe sur une enquête du journal Le Soir : noir, jaune, blues. Une enquête sur la perception du Belge face aux institutions et aux étrangers. Je lis que le Belge a peur de l’étranger, et qu’il serait d’accord de réduire ses libertés pour plus de sécurité.
Et j’ai peur, j’ai peur car les systèmes politiques et médiatiques ont finalement validé le discours des radicaux, je me sens comme dans un cauchemar Orwéllien. Je le vois tous les jours, dès que j’allume ma télé ou que je marche dans la rue, je vois des militaires, des armes, des contrôles. Alors je me rappelle, je me rappelle qu’au cours de mes vagabondages j’ai appris à toujours remettre un « texte con » dans son contexte, je dois prendre de la distance face aux croyances populaires. Rompre avec le langage usuel et mes connaissances pour porter un avis objectif et fonder ma propre opinion.
Qu’est-ce qu’un terroriste ? Sont-ils tous musulmans ? Depuis quand ne sommes-nous plus en paix ? L’islam est-il synonyme de violence ? Plus de bombes chez eux pour moins d’attentats ici ?
Ces questions, la CNAPD y a répondu. Après plusieurs mois de recherche cette association qui promeut la paix et la démocratie va lancer un site pour (re)mettre le terrorisme en questions. Fini les informations sans traitement, les « on-dit », les mots qui réduisent ou les mots qui manquent. Terminé les mots qui m’angoissent.
Sur ce site tu trouveras une première rubrique « Terro(p)risme », où une douzaine de préjugés ont été analysé :
Avant on avait la paix ;
Sauvez-nous bombardez-les ;
Ils sont tous musulmans ;
L’islam est violence ;
Je le sais je l’ai vu à la télé ;
Tous des fanatiques ;
Un terroriste, c’est un terroriste ;
De toute façon on peut rien y faire ;
Souriez, je suis protégé ;
- …
Pourquoi ? Parce qu’il est temps d’en finir avec ces discours de comptoirs. N’ajoutons pas plus d’absurdité dans ce monde. Je ne veux plus trouver un abri protecteur derrière ces mots réducteur, je veux explorer et ne plus me considérer comme un réfugié de la conscience. Je désire enrichir mon vocabulaire, et ne surtout pas appauvrir mon langage. Je ne veux pas être la chose manipulable des médias de masse.
Si tu désires faire une pause entre deux fiches, la CNAPD a prévu une animation interactive : une histoire, ton histoire. Enfin l’histoire dont tu es le terreau. Un jeu de rôle sur la question fondamentale du recours à la violence face à plusieurs situations quotidiennes mais complexes dans un lieu que tu connais assez bien…
Et parce la CNAPD n’est pas la seule à analyser le terrorisme et que l’information est enrichie lorsqu’elle est partagée, tu trouveras une troisième rubrique avec des outils en tout genre (vidéos, articles, spectacles, livres,… ) qui traitent du terrorisme et qui t’aideront à approfondir ta réflexion.
Et puis, une quatrième rubrique te sera dédiée. Parce que ton témoignage, ton expérience, ton avis et tes questions comptent pour la CNAPD. La rubrique « Parlons-en » nous permettra de partager et de créer des liens directs à propos de tes attentes, de tes craintes, de ta soif de comprendre.
Alors sors ton agenda, car le 27 janvier verra naître ce site d’information à l’adresse http://www.questionsterrorisme.be . Oui sept jours après l’investiture du nouveau président américain, Trump. Coïncidence ou hasard ?
« L’arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ». Proverbe africain
Jonas Boussifet