À l’occasion de la journée internationale contre les violences policières, la Coordination des sans-papiers et la campagne Stop Répression s’associent pour dénoncer la répression policière et le racisme d’État. En tant que signataire de l’appel, la CNAPD a investigué dans les lignes des manifestants.
Bonjour à tous, qui êtes-vous, et pourquoi êtes-vous présent aujourd’hui ?
- Orville : « Salut nous c’est Orville et Raphaël et nous sommes membres de l’union syndicale étudiante, c’est un syndicat étudiant qui fais partie des jeunes FGTB et nous sommes amenés à développer le syndicalisme dans l’enseignement supérieur (universités et hautes écoles). Et aujourd’hui nous revenons à cette manifestation contre les répressions policières, c’est un peu devenu une tradition et notamment avec le contexte actuel nous sommes ici pour le dénoncer ».
- Florence : « Bonjour je m’appelle Florence et je travaille au JOC depuis deux ans et demi. Le JOC, c’est le diminutif de Jeunes Organisés et Combatifs. Donc c’est une organisation de jeunesse militante. Nous travaillons dans l’éducation permanente avec des jeunes entre 15 et 35 ans sur des thématiques comme l’antiracisme, l’antisexisme et l’anticapitalisme. C’est la sixième année que nous organisons la manifestation, mais cette année est un peu particulière car nous marchons main dans la main avec la coordination des sans-papiers. Parce que nous pensons que les premières personnes touchées par les mesures d’Etat d’urgence sont les sans-papiers. Ce sont eux qui subissent le plus de répression ».
- Raphael : « D’une part nous sommes et réunis pour dénoncer toutes les violences policières qui sont faites sur les personnes « racisées » dans les quartiers populaires, les immigrés,… et montrer notre solidarité avec les victimes des répressions de la police, qui est pour le reflet concret du racisme systémique de notre société. Et deuxième chose, en tant que militant politique et syndiqué, nous sommes confronté aussi aux violences policières. Et c’est en cette qualité de militant que nous sommes ici pour nous opposer à la répression et aux violences policières qu’on peut vivre dans nos manifestations par exemple ».
Y-a-t-il un évènement particulier qui vous a amenés ici ?
- Florence : « Au JOC, nous utilisons une méthode qu’il s’appelle : « le voir, juger, agir ». Il y a déjà six ans, les jeunes et les permanents (les travailleurs : NDLR) remarquaient que la répression et de plus en plus flagrante et visible. Après mures réflexions il fallait entreprendre une action, et en plus le 15 mars symbolisait la journée internationale de lutte contre les violences policières ».
- Orville : « Oui c’était une manière de montrer notre soutien aux camarades de la manifestation « Reclaim the night » et aussi aux sans-papiers qui se sont faits violemment dégager d’un squat. C’est une manifestation annuelle, donc elle est vraiment ancrée dans l’agenda, mais on essaye d’insister à chaque fois sur le contexte nouveau ».
Le 13 mars dernier, la Ligue des droits de l’Homme a publié une étude : « Contrôler et punir : étude exploratoire sur le profilage ethnique dans les contrôles de police, paroles de cibles ». Vincent Gilles Président du SLFP Police a réagis : « Que doivent faire les policiers ? Ils doivent garantir la sécurité des citoyens face à un phénomène de terrorisme qui, tout le monde l’admettra, n’est pas un terrorisme d’origine asiatique, mais un terrorisme lié à une religion qui est pratiquée par énormément d’habitants en Belgique, qui viennent de première, deuxième ou troisième génération du Maghreb et des pays de Nord Afrique« .
- Orville : « C’est juste encore une preuve que le racisme systémique est ancré dans les institutions. C’est totalement ignoble. Il y a plusieurs articles qui sont sortis de la Ligue des droits de l’Homme sur ce sujet, mais nous on veut aussi le dénoncer d’une autre manière que via le juridique. Il y a le Comité P aussi, la police des polices. Si nous sommes dans la rue aujourd’hui c’est aussi parce que beaucoup de victimes n’ont pas encore le courage d’entreprendre les démarches pour se plaindre et il y a de plus en plus de policiers dans les rues donc la solution elle est politique aussi. On est là pour montrer qu’on a des droits, et qu’on ne peut pas se faire arrêter n’importe comment ».
- Florence : « C’est ce que la campagne STOP REPRESSION dénonce notamment, il faut savoir que c’est une campagne sur cinq axes dont un des axes est le racisme. Donc clairement pointer et stéréotyper un type de personne c’est du racisme d’Etat et qui est « accepté » en Belgique puisque ce monsieur se permet de dire ça ouvertement et sans crainte de se faire réprimander. Et personnellement, c’est faux ! La radicalisation ne touche pas qu’un type de personne mais tout le monde« .
Vous revendiquez la fin des mesures liberticides et démocraticides ? Quelles sont ses mesures ?
- Florence : « Que ce soit des membres du JOC ou des étudiants, nous militons contre la levée du secret professionnel des assistants sociaux. Cette mesure oblige les assistants sociaux à dénoncer une personne qu’ils suspectent de terrorisme en dehors des faits, juste sur leurs dépréciations. C’est clairement une mesure de sécurité raciste et c’est stigmatiser tout un type de population, on connait les intentions derrière cette loi : c’est condamner tous les barbus bronzés et musulmans ».
- Raphaël : « Par exemple moi je suis étudiant assistant social, et dans le secteur social il y a une nouvelle loi qui va paraître qui concerne la levée du secret professionnel quand il y a suspicion de terrorisme. Il y a clairement une atteinte à la démocratie et aux fondements de notre société.
- Orville : « De manière générale et avec les attentats, il y a un climat de renforcement sécuritaire qui est issu de nos politiques ».
- Raphaël : « Visuellement on le voit aussi, on constate le dérapage sécuritaire quand on se rend compte du nombre de militaires dans les rues ».
Vous militez aussi pour le retour des militaires dans les casernes, pourquoi ?
- Florence : « Dans notre organisation, nous sommes tous d’accord à ce sujet. Parce que nous pensons que la vue des militaires oppresse la population, ça peut faire peur, et est-ce raisonné d’avoir autant de militaire dans nos rues ? C’est l’armée et on n’est pas en guerre. Il faut arrêter de payer des gens pour ne rien faire. Plus personnellement je pense que s’il y a une attaque terroriste, le fait d’avoir cinq militaires au coin de la rue ne va rien changer. C’est oppresser les gens et leur faire croire que l’ennemi est partout, que les terroristes nous encerclent. Ce qui n’est pas forcément la réalité ».
- Orville : « Oui et il n’y a pas que les militaires, on le constate aussi dans les services de polices mais aussi dans les agences de sécurité, l’augmentation du nombre de caméras surveillance également ».
- Raphaël : « Déjà les militaires n’ont rien à faire dans nos rues, ce sont les policiers qui sont chargés de notre protection et c’est le policier qui est garant de l’ordre public sur le territoire. Et deuxièmement cet argent dépensé à la présence militaire pourrait être investi dans d’autre chose : le travail social par exemple ou dans les quartiers aussi je ne pense pas que des militaires avec des armes automatiques aident vraiment les gens ».
Merci à tous, je vous souhaite une bonne manifestation et à l’année prochaine.