Comme tous les ans, les festivals d’été battent leur plein. Les festivaliers, qui vivent au rythme de la musique et des arts de rue, se la coulent douce le temps d’un weekend au soleil (ou sous la pluie, suivant les imprévisibles frasques de la météo belge).
Mais qui a dit que festival rimait avec activité neuronale approchant le vide sidéral ? Certainement pas les membres des villages associatifs se retrouvant sur certains festivals tels que LaSemo (en juillet), Esperanzah! (en août) ou encore Manifiesta (en septembre) auxquels la CNAPD participe activement depuis quelques années.
En effet, ces villages, colorés, hétéroclites et vivants sont de parfaites occasions pour faire le plein d’informations et d’alternatives, découvrir de nouveaux projets, des petites associations peu connues, des approches moins mainstream, bref, en un mot, se cultiver mais aussi (et surtout) se divertir. Car pas question de vous faire un cours ex cathedra sur le gaspillage alimentaire, le TTIP ou la dette du Tiers-Monde, non ! Les associations ont tout donné pour vous instruire en s’amusant.
Parmi les stands, celui de la CNAPD qui vous propose, avec ce qu’il faut de culot, de dégommer du terroriste. Quoi de mieux pour se défouler un peu qu’un jeu de massacre? Et si, au passage, on peut virtuellement faire la peau à ces vilains barbus qui nous fichent la frousse depuis ce sombre jour du mois de janvier 2015, c’est encore mieux, hein ?!
Mais tous les terroristes sont-ils vraiment barbus ? Et tous les barbus sont-ils vraiment des terroristes ? D’ailleurs, dans le fond, c’est quoi un terroriste, exactement?
Quelqu’un qui terrorise ? Mais alors on a tous été le terroriste de quelqu’un, un jour dans notre vie (ne me faites pas croire que vous n’avez jamais terrorisé vos frères et sœurs, je ne vous croirais pas). Quelqu’un qui tue des inconnus sans motif? Pourtant Adam Lanza n’a jamais été étiqueté en tant que tel. Quelqu’un qui tue des inconnus pour des motifs religieux ? Pourtant l’attentat du 30 décembre 2006 à l’aéroport de Barajas revendiqué par l’ETA n’avait aucun motif religieux. Quelqu’un qui tue des inconnus pour des motifs radicaux ? Pourtant, certaines définitions du terrorisme considèrent les groupes au discours radical comme terroristes, peu importe qu’ils utilisent la violence ou non…
Définir le terrorisme n’est pas une chose aisée. En est pour preuve que plus de 100 définitions ont été recensées et pas une n’est universellement acceptée et utilisée. Peu pratique lorsque des coalitions internationales se forment pour se lancer de concert dans la lutte contre le terrorisme.
Pas de définition universelle, donc mais aussi une étiquette fluctuante qui est apposée en fonction du contexte: politique, religieux mais aussi des rapports de force de l’époque et du soutien apporté par le peuple et les politiques.
Résultat ? Une personne ou un groupe peut à la fois être qualifié de terroriste et vu comme un précurseur, un révolutionnaire, ou un sauveur. La figure controversée de Che Guevara parle d’elle-même à ce sujet.
Un souci en termes de droit international mais aussi en matière d’information, de réflexion et de lutte citoyenne. Comment savoir qui est terroriste et qui ne l’est pas ? Qui décide de l’étiquette et qui l’appose? Comment bien comprendre le noeud du problème s’il n’existe aucun consensus, aucune transparence et (trop) peu de clefs de lecture concernant les conflits internationaux ? Voilà quelques questions sur lesquelles la CNAPD se penche quotidiennement.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à passer sur le stand de la CNAPD à Esperanzah! ce weekend (5-7 août) afin de, vous aussi, dégommer du terroriste !
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