Bruxelles, le 15 février 2021. Suite à la publication ce mardi du Rapport au parlement wallon […] relatif à l’importation, au transfert et à l’exportation et au transit d’armes civiles et de produits liés à la défense pour l’année 2020, Amnesty International (AI), la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD), la Ligue des droits humains (LDH) et Vredesactie déplorent notamment le contournement du décret du 12 juin 2012 en vue de transférer des armes à l’Arabie saoudite et le manque criant de précautions quant au destinataire final du matériel qui est exporté.« L’un des éléments qui saute aux yeux dans ce Rapport est le montant gigantesque – 1 800 194 835 € – des exportations à destination du Canada ; il s’agit en réalité de pièces de chars et de blindés qui vont ensuite se retrouver en Arabie saoudite. De fait, une fois encore, la Wallonie ne respecte pas ses obligations et son propre décret, et alimente en armes un pays qui se rend coupable de graves violations des droits humains et de crimes de guerre », expliquent les organisations.AI, la CNAPD, la LDH et Vredesactie regrettent également que l’obligation pour la Région wallonne de s’assurer de la fiabilité du destinataire final n’ait pas été respectée. Ainsi, les montants correspondant aux exportations d’armes vers le Mexique ont presque triplé par rapport à 2019 (3 937 972 € en 2020 contre 1 463 232 € en 2019), et ce, malgré les révélations d’une enquête journalistique concernant la présence d’armes wallonnes aux mains des cartels mexicains. « Il est par ailleurs très inquiétant de constater que plusieurs pays où sont commises de graves violations des droits humains bénéficient des transferts d’armes wallonnes, à l’instar de l’Égypte, qui a été le premier client en Afrique de la Wallonie en matière d’armements en 2020 (14 044 050 €). Mentionnons également la Thaïlande (27 439 533 €), où les autorités ont notamment réprimé de façon violente et dangereuse des manifestations et l’Indonésie (90 506 096 €), où le ministre de la défense (nommé en 2019) est accusé d’implication dans des atteintes aux droits humains, notamment les enlèvements de militant·es en faveur de la démocratie »,indiquent les organisations.AI, la CNAPD, la LDH et Vredesactie insistent enfin sur le délai inacceptable imposé par le gouvernement wallon au Parlement de Wallonie pour l’obtention de ce Rapport. La société civile, la presse et les citoyen·es auront ainsi dû patienter jusqu’au mois de février 2022 pour disposer de données chiffrées concernant les licences d’exportations d’armes attribuées entre janvier et décembre 2020.« Tout cela met une fois encore en évidence l’opacité, entretenue par le gouvernement, qui entoure le commerce des armes wallonnes,. Un premier pas vers plus de transparence serait notamment d’augmenter la fréquence à laquelle ces rapports sont publiés et d’en réduire les délais de publication afin de permettre un contrôle parlementaire et public efficace. Une dernière suggestion au gouvernement serait enfin de veiller à bien mettre à jour toutes les pages de chaque Rapport, en évitant notamment un recours abusif au copier-coller d’extraits d’éditions précédentes, de façon à éviter par exemple que, dans la conclusion de l’édition 2020, il ne soit fait mention de “l’année 2005” », concluent les organisations. Pour plus d’informations ou pour une interview, veuillez contacter :
- le Service presse de la section belge francophone d’Amnesty International (0483 00 15 67)
- Coralie Mampaey, CNAPD (0494 16 06 05)
- Manuel Lambert, Ligue des droits humains (02 209 62 87)
- Hans Lammerant, Vredesactie (0486 60 97 06).