Une délégation emmenée par le Comité belge de soutien au peuple sahraoui et réunissant des représentants de la CNAPD, de Vrede vzw et de la société civile mixte s’est rendue dans les camps de réfugiés sahraouis du 19 au 26 octobre 2015. L’objectif de cette mission était de partir à la rencontre du peuple sahraoui et de mieux connaître le combat qu’ils mènent depuis 40 ans pour l’autodétermination. Mais la météo ne voyait pas les choses de la même manière et la mission s’est retrouvée également spectatrice de l’une des pires inondations jamais vues en 40 ans d’exil.

 Tout comme le président de la CNAPD, Guillaume Defossé, qui signe un édito sur la Sahara occidental ce mois-ci, j’ai eu la chance de faire partie de cette mission. J’en reviens déterminée à faire entendre la voix de ce peuple qui se bat de manière non-violente pour son droit à l’autodétermination depuis 40 ans.

Cette mission a été l’occasion de faire de nombreuses rencontres, aussi variées et enrichissantes les unes que les autres. Allant de la visite d’une école pleine de rires et de vie, à celle de l’hôpital national prenant l’eau de tout bord, en passant par la rencontre avec des représentants d’associations sahraouies de défense des droits humains ; ces rencontres nous ont donné l’occasion d’aborder des aspects différents de l’histoire du Sahara occidental et de la situation actuelle. Je me limiterai à relater brièvement deux de ces rencontres : la plus inattendue et la plus émouvante.

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La plus inattendue, c’est celle avec Castro. Dès notre premier jour sur place, il nous a accueillis avec un énorme sourire dans l’école pour personnes handicapées qu’il a créée. Son maitre mot, c’est l’autonomie, celle qu’il veut permettre à ses élèves d’acquérir, certains de ses collègues sont même d’anciens élèves. Il n’est pas non plus très épris de hiérarchie et des roulements sont organisés entre les membres de l’équipe qui occupent les postes à responsabilité tour à tour. Visiblement, il aime aussi la danse car la visite s’est terminée sur quelques pas de danse avec les élèves et le personnel de l’école au milieu des rires de chacun.

La plus émouvante fut celle avec les organisations de défense des droits humains : Afapredesa[1] et la Commission des droits de l’homme. Après quelques heures passées avec les présidents respectifs de ces deux organisations, nous avions une idée beaucoup plus claire de l’origine de la lutte sahraouie et de ce que ce peuple a traversé et continue à traverser. Nous avons pu aborder la question des personnes disparues, les violations massives des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc, mais aussi parler de la culture de non-violence des Sahraouis et de l’importance que les femmes occupent dans leur société. Refusant de prendre les armes, les associations sahraouies mais également le Front Polisario, ont décidé de privilégier la diplomatie et l’arme du droit pour mener leur combat, ce qui se traduit entre autres par des plaintes récemment déposées auprès de la Cour européenne de Justice contre l’exploitation illégale de leurs ressources naturelles par le Maroc.

Notre visite a cependant tourné court quand des pluies torrentielles ont commencé à s’abattre sur les camps. En l’espace d’une poignée d’heures, les routes étaient inondées, les maisons (qui ne sont pas bâties pour résister à de telles pluies) commençaient à s’effondrer, les camps étaient évacués et l’aide se mettait en place. Une situation qui relève du jamais vu dans cette région aride. Les besoins en aide humanitaire déjà importants augmentent de façon dramatique face à une telle situation et les dangers sanitaires ne font que grandir.

Face à cette situation et face aux appels à l’aide lancés par la société civile et des ONG présentes sur place[2], la communauté internationale continue à se taire et laisse un drame humain se perpétuer. Un aveuglement coupable également à l’égard des violations massives des droits de l’homme commises par le Maroc et l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par des entreprises marocaines ou européennes. Au lieu du soubresaut de la communauté internationale que l’on aurait été en droit d’espérer suite aux événements récents, la question des Sahraouis et de leur droit à l’autodétermination semble une fois de plus être remise aux calendes grecques.


[1] Association des familles de prisonniers et de disparus sahraouis : http://afapredesa.blogspot.be/

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