Si tu veux la paix, prépare… la paix. Militer pour la paix ne se limite évidemment pas à marquer sa solidarité avec un peuple souffrant de la guerre ou à s’opposer à une intervention militaire. Militer pour la paix implique aussi de s’engager au quotidien sur les causes des conflits et sur les institutions qui capitalisent dessus pour asseoir leur domination.
« Un autre monde est possible ». Et il est nécessaire.
Quels sont ces possibles ? Esperanzah! fait depuis toujours le choix des alternatives et souligne la nécessité d’une transition économique, écologique, énergétique. Ces alternatives vont dans le sens de cet engagement pour un monde plus en paix et moins violent, parce qu’elles visent aussi à réduire les incidences de notre consommation et de notre mode de vie sur l’accaparement des ressources naturelles vitales pour notre vie et pour le fonctionnement de toutes les sociétés (pétrole, gaz, uranium, eau, bois, cuivre, lithium, coltan, etc). Des ressources naturelles dont tout le monde a un besoin vital, mais présentes de manière limitée et non renouvelable à la surface de la planète.
Dans un monde où la croissance est érigée partout comme objectif de base, cette pression sur l’accaparement des ressources peut souvent dégénérer en conflit interne ou expliquer certaines interventions militaires étrangères.
A côté du changement dans nos habitudes de consommation, de production, etc., d’autres formes d’engagement pour la paix existent. L’action directe nonviolente est un de ces moyens de participer de manière active à notre vie de citoyen. Elle n’est pas en opposition aux autres formes d’actions, comme l’action indirecte qui interpelle le pouvoir politique. Par l’action directe nonviolente, nous sommes un des acteurs des actions sociopolitiques dans lequel nous nous impliquons. Différents moyens d’action directe existent, de l’action légale à l’action illégale. Chacune dépend du rapport de force en présence. C’est dans ce cadre que se situe la désobéissance civile.
Cette désobéissance civile peut prendre pour cible des institutions qui paraissent éloignées de l’engagement citoyen habituel, rapprochant physiquement les centres de décision et les citoyens indignés. Ainsi en est-il de l’OTAN, institution qui freine les aspirations à cette transition économique, écologique et énergétique pour un monde plus en paix.
L’OTAN, en effet, défend la nécessité de sécuriser militairement l’approvisionnement en ressources naturelles vitales (« La présence militaire est en partie destinée à assurer le maintien de l’approvisionnement en pétrole et en autres matières premières vitales à destination de leur territoire et de leurs partenaires commerciaux »). L’OTAN, bras armé de l’activité économique de ses membres. Mission qui vient s’ajouter à toute l’activité militaire et guerrière de l’alliance, qui répète à qui veut l’entendre qu’elle promeut la paix en préparant… la guerre.
La désobéissance civile contre l’OTAN peut prendre de multiples formes : entrer dans la base militaire de Kleine Brogel où sont entreposées des armes nucléaires, empêcher avec son corps la tenue d’un sommet, cadenasser l’entrée du siège de l’Alliance, etc.
Loin d’affaiblir la démocratie, la désobéissance civile est de nature à en restaurer le sens et à la renforcer. Contre l’inertie des institutions, l’autisme des professionnels de la politique, la prolifération des lois et leur usage électoraliste, les pratiques policières et judiciaires abusives, elle constitue, pour les citoyens, une arme redoutable en même temps que l’occasion de reprendre enfin leur voix dans le débat démocratique.
Article coécrit avec Thierry Delannoy.