Avec les révolutions portées par les peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, des dictateurs trop longtemps restés en place apprennent à leurs dépens qu’un pouvoir fondé sur la peur et la répression ne peut durer indéfiniment.
Aujourd’hui, les manifestations pour les droits sociaux et la démocratie sont la cible de violentes répressions. La situation libyenne concentre à ce titre énormément d’inquiétudes. En quelques jours, ce pays est passé d’un soulèvement populaire à la guerre civile et à des représailles meurtrières. Aujourd’hui, l’obtention d’un cessez-le-feu et la recherche d’une solution pacifique, suivi d’une solution politique dans le respect de la souveraineté du peuple, doivent être les priorités pour la Libye. Faute de quoi l’escalade militaire risque de conduire à une situation catastrophique dont les victimes seront une fois de plus les populations civiles. La réponse doit être adaptée à la réalité de la situation sur le terrain. Or, l’armée est éclatée et l’État n’existe plus. Dans ces conditions, comme l’a récemment souligné l’International Crisis Group, intervenir militairement serait non seulement très risqué, mais conduirait à renforcer davantage le pouvoir du dictateur Kadhafi. Cette option pourrait à nouveau conduire aux situations désastreuses endurées en Somalie, en Irak ou en Afghanistan. La solution doit notamment passer par un resserrement de l’étreinte internationale sur le régime, à travers un arsenal de sanctions légales et économiques et de pressions diplomatiques, en concertation étroite avec la Ligue arabe et l’Union africaine.
Mais après avoir répondu à l’urgence actuelle, nous, démocrates occidentaux, ne pourrons faire l’économie de nous interroger sur la manière dont nos dirigeants élus soutiennent l’expression démocratique dans ces pays. Ceux-ci, mûs par des intérêts économiques et « sécuritaires » à court terme, ont préféré soutenir et promouvoir des régimes dictatoriaux plutôt que de défendre les valeurs démocratiques d’égalité et de liberté – le fondamental pouvoir de tous – ; plutôt que d’encourager un développement économique et social juste.
Le cas libyen est en effet un exemple de plus de la complaisance et de l’avidité des dirigeants occidentaux. On vend des armes (et autres), on achète du pétrole (et autres) et on se protège contre ces hordes de migrants qui tentent de déstabiliser l’ordre qui règne dans nos pays. L’accueil des réfugiés n’est-il pas la première et indispensable étape de la protection d’un peuple victime de violences par son propre gouvernement ?
Par ailleurs, cette formidable mobilisation citoyenne doit nous rappeler à nous, peuples occidentaux, que les droits démocratiques ne sont jamais totalement acquis et qu’une vigilance de tous les instants est requise pour ne pas se laisser engluer dans le confort et le laisser-faire.
Nous voulons rappeler qu’il est possible de construire une mondialisation d’un autre type, à partir des peuples et pour les peuples, et avec la participation des jeunes, femmes, paysans, travailleurs. Notre soutien envers les peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient doit donc être tourné vers le long terme ; basé sur les seules valeurs universelles qui garantissent l’établissement pérenne d’une véritable société mondiale des peuples : égale liberté, égale justice, paix et nonviolence.
S’inspirant des luttes des peuples de Tunisie et d’Égypte, le Forum Social Mondial de Dakar a appelé à ce que le 20 mars soit une journée internationale de solidarité avec le soulèvement des peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Afin de participer à cette mobilisation internationale, une plateforme large regroupant syndicats, ONG, associations pacifistes, mouvements de jeunesse, organisations tiers-mondistes et environnementales s’est créée et appelle à une manifestation nationale ce dimanche 20 mars à Bruxelles.
Par cette mobilisation nationale, la plateforme de solidarité avec les peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient rappelle :
1. La solidarité avec les soulèvements pour la liberté, les droits démocratiques et le progrès social en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ; 2. La condamnation des soutiens politiques, économiques et militaires de l’Occident aux régimes dictatoriaux ; 3. A l’Union européenne et ses États-Membres leurs devoirs de soutien à un développement économique et social juste ; 4. Le respect de la souveraineté des pays et des peuples en question. Départ près de la Gare du nord (Boulevard du Roi Albert II) à 14h
Pour la CNAPD Isabelle Grippa, Présidente
Pour VREDE VZW, Ludo De Brabander
Retrouvez la traduction néerlandophone sur www.vrede.be