Nous sommes profondément préoccupés par les négociations gouvernementales en cours. Alors que, sous la pression de la Commission européenne, les négociateurs cherchent à combler un déficit budgétaire de 27 milliards d’euros (en allant puiser dans la sécurité sociale) un consensus semble s’être dessiné parmi les négociateurs pour augmenter le budget militaire à au moins 2 % du PIB d’ici 2029 (12 milliards d’euros par an!). Ce choix absurde, justifié par les «obligations de l’OTAN», coûterait 4 milliards d’euros supplémentaires aux contribuables.
Le futur gouvernement de De Wever a récemment évoqué une augmentation des dépenses militaires à 2,5 % du PIB d’ici 2035, soit une hausse de 7 milliards d’euros! C’est également le pourcentage avancé comme nouvelle norme future de l’OTAN, imposée sous la pression étasunienne.
Les cercles militaristes, le complexe industriel militaire, et les politiques partisans d’une escalade militaire ne cessent de réclamer davantage de moyens dans la défense et dans l’armement. Pourtant, les dépenses militaires ont déjà connu une croissance fulgurante depuis plusieurs années. Selon les chiffres officiels de l’OTAN, les dépenses militaires belges ont plus que doublé depuis 2015, passant de 3,8 à 7,9 milliards d’euros en 2024. En 2017, une loi-programme avait déjà validé 9,2 milliards (pluriannuels) d’investissements militaires. En 2022, le gouvernement sortant a consolidé ce montant avec une seconde loi, ajoutant 10 milliards d’euros d’investissements supplémentaires. Cela représente près de 20 milliards d’euros au total (!).
Malgré ces sommes faramineuses, les négociateurs actuels jugent nos efforts militaires insuffisants. Des rapports indiquent qu’ils envisagent d’intensifier les investissements dans le matériel de guerre (avions de combat et de transport, frégates, drones, etc.) et d’augmenter les effectifs militaires.
Pour financer ces dépenses, il est question de créer un « fonds de défense » hors budget, alimenté par la vente de participations publiques (BNP Paribas, Belfius, Proximus, Loterie Nationale, etc.) et par des capitaux privés. Les partis de droite, suggèrent également de puiser dans les budgets de la coopération au développement ou de réduire les capacités d’accueil des réfugiés (coupe de 60% du budget de la coopération au développement!).
Cette attaque contre notre solidarité est présentée comme une contribution «nécessaire» à notre sécurité. Mais davantage d’armes ne riment pas avec plus de sécurité. Ces dépenses colossales privent des secteurs essentiels, comme la protection sociale et l’environnement, de moyens essentiels à leur fonctionnement. Pire encore, elles alimentent la spirale de l’escalade militaire dans le reste du monde.
La politique de confrontation menée par l’OTAN exploite la peur pour justifier un programme militariste. Elle contribue également à la baisse du pouvoir d’achat via l’explosion des prix de l’énergie. Partout en Europe, cette situation d’insécurité globale nourrit l’extrême droite, avec les risques que l’histoire nous a déjà appris à redouter.
Il est temps de changer de trajectoire. Sur le plan international, la Belgique doit affirmer le rôle de la diplomatie et appeler aux négociations pour éviter une escalade mondiale et mettre fin au bain de sang. En rouvrant les canaux de la diplomatie, un espace de dialogue pourrait s’ouvrir pour répondre aux préoccupations globales, à savoir la crise environnementale et la lutte contre la pauvreté.
Les relations diplomatiques doivent également être renforcées avec les BRICS. Au Moyen-Orient, il est impératif de restaurer le respect du droit international et de mettre un terme à la complicité militaire et politique dans le génocide en cours à Gaza.
La sécurité ne se résume pas aux questions militaires, encore moins à l’armement. La véritable sécurité passe par des investissements dans la diplomatie, les services publics, le droit international et une démarche active en faveur du désarmement.